Comme disait un chroniqueur sur France Inter à l’heure du petit déjeuner, « je ne sais pas vous mais moi »…
… J’ai longtemps souffert du syndrome de la page blanche.
Mes problèmes étaient multiples et sommes toutes communs:
- Distractions.
- Manque de temps.
- Manque de confiance.
- Peur du jugement des autres.
- Frustrations.
- Manque d’idées exploitables.
Cela dit, des idées j’en avais… par dizaines.
Et c’est bien cela le problème, j’en avais trop pour un seul roman. Tout ce que je voulais crier au monde, avec cette énergie propre aux jeunes idéalistes, bouillonnait en moi, et m’empêchait de commencer.
La page blanche.
Jusqu’à ce que… je découvre la méthode flocon. Mais, me direz-vous, serais-tu en train de faire de la réclame pour un nouveau produit miracle?
Ce à quoi je répondrai : Oui. Mais au moins je ne vous ai pas fait l’offense d’illustrer cet article par une photo de flocon de neige, donc on est quitte.
La méthode flocon, c’est quoi?
La méthode flocon est une technique de planification qui permet d’avancer étape par étape et de repousser l’acte d’écrire aussi loin que possible, afin de permettre aux idées de s’articuler entres elles, dans un cadre qui, sans la limiter, permettra de guider l’écriture.
La méthode flocon, comment ça marche?
Il existe de nombreux guide pertinents qui l’expliqueront mieux que moi:
Enfin, puisque vous êtes ici et que je vous aime bien, autant continuer.
La méthode flocon (de neige) fonctionne par étape.
Pour illustrer tout cela, je dois vous parler de Scribbook. Encore une fois, pas de réclame ici, juste des outils parmi tant d’autres.
Scribbook est un éditeur de texte intelligent destiné à remplacer les traditionnels logiciels de traitement de texte. C’est en ligne, donc ça permet de travailler de n’importe où, c’est une sauvegarde supplémentaire, et l’interface est très sympa.
Une fois que vous avez créé un compte, vous pouvez créer un project en choisissant le canevas « méthode flocon ». C’est ce que j’ai fait, par simple curiosité, alors même que je n’avais aucun projet de roman en tête — à cause des raisons que j’ai citées plus haut.
À gauche, les sections. On clique et ça ouvre la section correspondante dans l’espace de travail central. Mon premier projet avait par défaut, cette explication sur la méthode flocon.
C’est ainsi que j’ai pu découvrir les différentes étapes.
Étape 0: de l’art de jeter ses idées en vrac.
La plus fun de toutes les étapes. On jette par écrit ses idées de roman, nouvelles, les sujets qu’on voudrait aborder, les prémices d’un rebondissement, une idée de personnage, des citations qui nous ont inspiré(e), etc.
Le mien (je ne vous le montrerai pas car on ne se connait pas encore assez) est un jardin en friche, peuplé de notes, de photos, de brouillons, bref, d’idées.
Étape 1: de l’art d’en faire une phrase.
L’étape la plus difficile. Pour citer le guide de Scribbook:
Cette étape consiste à produire la phrase la plus courte possible résumant à elle seule le cœur de votre histoire. Appelez-la comme vous le souhaitez : accroche, pitch, résumé, quintessence, etc… Cette phrase se doit d’être simple !
Pour vous aider, pensez à ceci : quel personnage a le plus à perdre ? Qu’est-ce qu’il a à/va gagner ? Quelle est l’action qui lie les deux éléments ? En répondant, vous aurez fait le job !
Le plus important ici c’est de se détendre. Cette phrase est pour vous, uniquement. Ce n’est pas vraiment un pitch, mais plutôt un exercice personnel. Prenez votre temps et ignorez les cris d’indignation de votre conscience.
Indice: votre phrase, puisqu’elle est simple, donnera l’impression que votre histoire c’est du vu et du revu. La mienne, par exemple, c’était:
L’héritière d’un monde sur le point de sombrer dans la terreur échappe à son exil et se retrouve par erreur sur Terre.
Avouez que c’est bête comme tout. C’est là toute la beauté.
Car cette phrase, c’est la base, la quintessence, le coeur de votre flocon de neige. Et elle est si simple, qu’on ne peut qu’y ajouter de la complexité.
Étape 2: de l’art de la poétique.
La poétique, c’est ce principe de base qui dit qu’une histoire doit avoir un début, trois actes centraux peuplés de conflits et une fin, qui apporte la résolution de ces conflits. C’est simple, mais c’est la base du story telling, et les auteurs s’en servent très souvent.
Essayez donc de transformer votre phrase de l’étape 1 en 5 phrases.
Un conseil, ajoutez du conflit autant que possible.
- ACTE 1 – Partie 1 : situation initiale/normale
- ACTE 2 – Partie 2 & 3 & 4 : intrigue (conflit/élément perturbateur – développement – piste de résolution de conflit)
- ACTE 3 – partie 5 : résolution finale (climax)
Euh… vous êtes toujours là? Oui?
Étape 3: de l’art de créer un univers.
Maintenant que vous avez l’os, il s’agit d’y ajouter la moelle. Commencez-donc par les personnages.
Qui est votre personnage principal? Qui sont les personnages secondaires? On veut tout savoir. Voici ce que Scribbook suggère:
- Trouver un nom
- Raconter son histoire en une unique phrase (focus personnage, histoire du personnage dans le récit)
- Lister ses motivations (abstrait), ses besoins (concret), ses obstacles et enfin son épiphanie (ce qui le fait grandir, changer)
- Comme pour l’étape #2, développer la phrase avec ce que vous avez rassemblé sur votre personnage pour rédiger un paragraphe de quelque ligne pour raconter son histoire de manière plus concrète.
Si vos lieux sont importants, faites en autant pour eux.
Une astuce: on a tendance à oublier les antagonistes, mais ce sont eux, par les obstacles qu’ils placent entre le héros et sa quête, qui font que l’histoire existe.
N’oubliez pas de vous demander, pour chaque personnage: Que veut-il/elle? C’est un bon moyen de ne pas créer de personnages vides, utiles à l’histoire mais terriblement insipides.
Sur cette note, si vous créez des personnages féminins, par pitié faites un effort! Donnez de la profondeur à votre personnage, faites-en autre chose que de la chair à romance ou de l’extrait de beauté parfumée. Les personnages féminins aussi ont le droit de vivre au-delà des clichés.
Étape 4: de l’art de faire un premier synopsis.
Là, ça commence à sentir bon. Si vous être comme moi, vous en êtes déjà à une dizaine d’heures de travail, et vous commencez à vous demander quand, pour l’amour de Donald Trump, vous allez pouvoir commencer à écrire. Par encore, et heureusement.
L’étape 4 de la méthode flocon, c’est le moment où vous prenez vos cinq phrases de l’étape deux, et vous en faites un synopsis (pour vous uniquement, n’oubliez pas!) d’une ou deux pages. En gros, vous développez chaque phrase en un ou plusieurs paragraphe.
Et boom! Ça fait des Chocapic! Euh pardon, ça fait un plan.
Étape 5: de l’art de développer des personnages.
La suite directe de l’étape 3. Prenez votre temps, et écrivez une page de description (motivations, conflits, angoisses, etc. ) pour chacun de vos personnages. Personnellement, j’ai sauté cette étape ; mais je pense que c’est une bonne idée de la faire.
Étape 6: de l’art d’aller plus loin.
Un bon conseil. Laissez vous le temps entre chaque étape. Prenez des bains, prenez le métro, faites du vélo, mangez bien, bref, vivez. Le flocon se construit, mais à son rythme.
Voici un gif pour souffler une seconde avant de continuer.
Moi je me suis carrément endormi. Enfin, cet article n’est pas à propos de moi donc… Shall we?
L’étape 6 doit vous permettre de reprendre votre premier synopsis de l’étape 4, et de développer encore plus votre histoire. Prenez donc chaque paragraphe et faites en une page complète. Vous pouvez ajouter dorénavant des détails et des rebondissements mineurs du genre:
Sa soeur n’est pas d’accord avec elle, mais grâce à l’intervention du voisin, qu’elle respecte énormément, elle finira par céder.
Ce détail n’avait pas sa place auparavant, mais aujourd’hui, il est en passe de devenir l’ossature d’un futur chapitre.
Étape 7: de l’art du détail.
Retour aux personnages. Cette fois-ci on fait de fiches.
Dans le milieu du User Experience (mon métier actuel) on appelles ça les fiches User Personas. C’est utile pour donner de la profondeur à des concepts. Ici c’est pareil. Apportez un maximum de détails à vos personnages dans des fiches préconçues par Scribbook:
GÉNÉRALITÉS
Prénom / Nom :
Genre :
Âge :
Date de naissance :
Personnalité: Celui-là je l’ai ajouté. On reviendra là-dessus dans un prochain article. En attendant essayez donc ceci: 16 personalities
DESCRIPTION PHYSIQUE
Corps :
Visage :
Voix :
Manières, tics :
Garde robe :
STATUT SOCIAL
Statut marital :
Niveau social :
Emploi :
Habitat :
PERSONNALITÉ & PHILOSOPHIE
Caractère :
Qualités :
Défauts :
Compétences :
Difficultés :
Philosophie de vie :
Croyances :
Ambitions :
Valeurs :
Ce qu’il déteste :
RELATIONS
Familles :
Amis :
Amours :
Autres :
PASSIF
Histoire personnelle :
Evènements marquants :
Anecdotes :
ÉVOLUTION DANS L’HISTOIRE
Buts/Objectifs :
Personnalité :
Relations :
Étape 8: de l’art de planifier.
Eh oui! Le voilà enfin, le plan!
Mais avouez que c’est nettement plus facile, non? Maintenant vous connaissez les personnages, l’histoire, les conflits, les gentils et les méchants, etc.
Pour cette étape je n’utilises pas Scribbook, mais un tableur de chez Google Spreadsheet. Le but est de planifier, donc un tableur, ça le fait.
Allez je suis cool, je partage avec vous le premier chapitre de mon futur roman:
Mon tableur a les champs suivantes:
- Chapitre
- Point de vue
- Que se passe-t-il?
- Personnages présents
- Lieu(x)
- Date/ heure
- Conflit
- Longueur approximative
Étape 9: de l’art d’écrire.
Et voilà. C’est le moment. Vous essuyez la dernière goutte de transpiration sur votre front, mettez un froc propre, et c’est parti. Votre prochain chef d’oeuvre commence maintenant.
… ou plus probablement dans deux mois, quand vous en aurez fini pour de vrai avec toutes les étapes interminables de cette stupide méthode flocon 😉
N’hésitez pas à commenter si vous avez des questions, ou des commentaires à ajouter. Allez, je vous embrasse.
Bel article, je ne connaissais pas cette methode mais tu la presente avec une telle legerete qu’elle ne parait pas si relou que ça de prime abord… c’est moins sûr à l’application mais bon, ça , on verra le jour où on s’y mettra 😉
Bon aprem
Bise
Clem
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merci! J’ai adoré cette méthode, qui m’a vraiment aidé. bonne chance!
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Merci!
Bonne fin de journee 🙏
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Une belle découverte que cette méthode neigeuse pour aller en légèreté jusqu’au texte. Je ne connaissais pas, très pertinent sauf les fiches personnages auxquelles je n’adhère pas (ceci est très personnel) car les petits détails finissent pas noyer le poisson euh… le personnage. La nécessité des descriptions physiques par exemple me semble désuète. Il y a tant d’autres façons d’incarner un personnage que ses yeux bleus… Cela étant dit, merci beaucoup pour le partage 🙂
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oui, après réflexion je suis d’accord avec toi. Mes fiches personages se résument surtout à des traits de caractère, un historique, et une façon de réagir aux choses. j’y ajoute la tonalité de la voix.
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Est-ce que tu connais la méthode du trombinoscope ?
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non, peux-tu m’en dire plus?
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Un peu long pour te répondre ici, je vois pour te rédiger un petit mot très vite. Bises 🙂
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Bonjour,
Je découvre avec quelques mois de retard cet article très intéressant. Pour info je suis le créateur de Scribbook et suis intéressé par les méthodologies que je ne connais pas. Est il possible d’en savoir plus sur cette méthode du trombinoscope ?
Merci,
Jonathan
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A tester , je ne connaissais pas non plus 🙂
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A reblogué ceci sur kirsteen duvalet a ajouté:
Excellent article publié sur cinqpetitessecondes.wordpress.com !
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Excellent article ! A tester donc. Je reblog !!!
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Merci Kirsteen, j’espère que la méthode flocon te réussira 😀
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Purée, c’est magique ! merci pour ceci… !
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avec plaisir 😀
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Ca semble très pratique !
J’essaie l’outil dès ma prochaine création 🙂
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😊😊
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Passionnant ! Je vais étudier tout ça de plus près. On m’a aussi parlé de scrivener. Tu connais ?
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Merci! Non je ne connais pas…
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Je ne connaissais absolument pas cette méthode mais je sais aussi qu’elle n’est pas pour moi. Je suis du genre à me lancer à corps perdu dans l’écriture sans plan sans rien, juste deux personnages et une relation, c’est ma base et ensuite je suis le fil conducteur de mon inconscient. Du coup quand je me relis j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui écrit et bizarrement j’ai l’impression que je sais quand même où je vais.
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Une très bonne remarque. Ce qui compte, au final, c’est d’écrire avec plaisir 🙂
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Je connais cette méthode mais je l’ai rébarbative. Je n’ai jamais fini de projet avec cette méthode. Tu l’as très bien expliquée cependant.
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Merci 🙂 À chacun sa méthode. Je pense que celle-ci, comme elle est très longue, est adaptée à des romans plutôt longs, du genre trilogie Fantasy qui sont souvent très délicat à planifier.
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Je crois que ça dépend surtout de l’auteur. Chacun a besoin d’une méthode qui lui convient et pour cela il faut tester (détester, aimer). 🙂
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tout à fait!
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🙂
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Super cette méthode, merci !
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merci pour ton commentaire 😉😁
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A reblogué ceci sur Pauline Mary Licoph Writings.
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Je démarre cette méthode ce matin, je suis déjà à 250 pages de mon premier jet, mais comme je commence à m’y perdre faute de temps pour me consacrer à ce roman à longueur de journée, je vais appliquer cette méthode ! Mais à l’ancienne, sur fiches bristol (j’avais déjà un petit résumé, une chronologie, liste des personnages, quelques résumés de chapitres dans un carnet…) donc naturellement, je suis encline à ce genre d’organisation ! J’espère qu’elle me permettra d’approfondir l’histoire et de donner plus de relief aux personnages. Merci pour le partage et les explications assez light pour les relire rapidement, assez claires pour les appliquer facilement.
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Merci pmlicoh 😊, je te souhaite bon courage dans ton projet.
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