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8 ans et 50 jours plus tard, un incipit

Après avoir écrit intensément entre mes 16 et 24 ans, j’ai arrêté. Plus le temps, plus les moyens, ou trop de distractions. En recommençant d’écrire après ça, rien n’était assez bien, et si je faisais une pause entre deux chapitres, l’histoire en profitait pour perdre tout intérêt.

Il y a quatre ans, j’ai déménagé à Toronto, et j’ai du apprendre à vivre dans une autre culture, dans une autre langue. Bientôt, j’avais accès à deux fois plus de pensées, deux fois plus de sources. Finalement, le déclic se produisit et je parvins à assimiler la réalité en anglais, et à l’exprimer en français, sans trop de perte entre les deux.

L’année dernière, je déménageai au-dessus d’une bibliothèque, et j’ai soudain eu accès à de centaines de livres en français, dont les grands classiques que je découvrais avec intérêt. Cela m’a amené doucement à écrire moi-même, de mieux en mieux — du moins je l’espère — et enfin, je ressentais l’envie d’écrire un roman qui changerait le monde.

En partageant mes textes sur Scribay, je devins plus exigeant, et me sentis bientôt prêt.

C’est alors que je découvrais la méthode flocon. Non, ce n’est pas un régime à base de neige, mais plutôt une méthode pour organiser ses pensées, en partant d’un phrase pour arriver à un plan complet. Vous trouverez beaucoup de ressources en cherchant sur Google ou Bing, si vous aimez les complications.

Cette méthode impose à l’auteur de réfléchir à l’histoire, aux personnages, à organiser tout ça, simplement. C’est assez facile, très efficace, et ça vous met dans un état d’anticipation… comme une démangeaison que l’écriture de votre roman viendra soulager.

Après 35 jours de cette méthode, je commençais enfin à écrire. Aujourd’hui, 3 semaines plus tard, j’ai deux chapitres complets, retravaillés, et un troisième  chapitre en cours d’écriture.

Le tableau ci-dessous montre mes progrès:

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Sachant que je n’ai que quelques heures par-ci par-là, je ne peux qu’être ravi de la vitesse à laquelle ça avance, et surtout de la qualité du premier jet.

Je vous laisse avec l’incipit de mon nouveau roman, intitulé provisoirement Les mondes d’Evren.

Evren venait à peine de s’endormir lorsqu’une main la secoua. Elle ouvrit les yeux en grognant, et reconnut sa sœur. Tout en se demandant l’heure qu’il était, elle repoussa les couvertures, et glissa ses jambes hors du lit.

Assise sur le rebord du matelas, Evren écoutait distraitement Dunya lui asséner des consignes en pagailles.

« Surtout ne pas oublier de … des affaires chaudes, pas trop de… », « Maman attends en bas, elle pense que … »

— Evi, tu m’écoutes ?

Evren aperçut la nuit sombre derrière la vitre, il était très tôt. Elle comprit que les choses allaient mal. Ses sens s’activèrent soudain tous à la fois, ses yeux s’ouvrirent en grand, et elle croisa le regard de sa sœur. Celle-ci n’essaya même pas d’être rassurante.

— Evi, il faut partir.

La fillette sentit une boule se former dans son estomac. Comment ça ? Partir ? Ses pensées, d’ordinaire jamais d’accord, s’opposèrent en bloc à l’idée.

— Où ? quand ? non, Dunya, non, refusa-t-elle en secouant la tête, je veux rester !

— Il le faut. Allez.

En clignant des yeux, Evren cherchait un moyen de ne pas obéir. Elle se leva brusquement, et, sans prendre la peine d’enfiler ses chaussons, traversa la chambre qu’elle partageait avec son aînée. Elle ouvrit la porte et s’engouffra dans le couloir plongé de ténèbres. Sans attendre que ses yeux s’habituent, elle contourna le coffre à vêtements, longea le mur jusqu’à l’escalier, fouilla le vide du bout des doigts jusqu’à découvrir et agripper la rambarde qui la mènerait en bas, où sa mère et son oncle pourraient l’aider.

 

Si ça vous plaît, n’hésitez pas à commenter et à aimer, et je posterais peut-être le roman ici, chapitre après chapitre. Vous pouvez aussi le retrouver sur Scribay.

Bien à vous.

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